Il y a déjà quelques mois que je voulais écrire une série d'articles consacrés à ce merveilleux trompettiste et professeur de trompette qu'était Maurice André... Malheureusement, l'actualité m'a devancé et je suis à la fois triste et ému d'écrire ces quelques lignes dans ces circonstances, mais c'est mon hommage à chaud à cet exceptionnel trompettiste qu'était Maurice André...
Je me souviendrai toujours de cette journée d'été ou un ami qui étudiait aussi la trompette, m'avait prêté un 33 tours de Maurice André. Il y interprétait notamment le vol du bourdon et le Hora staccato.
J’étais tellement écoeuré par sa dextérité que je n’ai pas pu toucher ma trompette pendant une semaine… Je me disais que techniquement je n’étais pas capable de jouer de cette manière et que je ne le serai sans doute jamais ! Pourtant, mon père lui aussi musicien, a tout de même réussi à me remotiver...
Toutefois, il y a aussi une chose extraordinaire qui m’a plu chez Maurice André et que je n’ai jamais retrouvé chez aucun autre trompettiste classique : son timbre et sa facilité à jouer des œuvres très difficiles avec une aisance incroyable comme le Concerto Brandebourgeois no 2
A mon avis, Maurice André était également le roi du trille et, à ce titre, il était reconnaissable entre tous… En écoutant un concerto pour trompette à la radio, je pouvais facilement dire s’il s’agissait de Maurice André ou d’une autre trompettiste tellement le timbre et les trilles se distinguaient des autres… et je ne pense pas être le seul à pouvoir le faire !
Il n’est pas dans mon intention de dénigrer d’autres trompettistes (virtuoses) classiques, pour la plupart élève ou « disciple » de Maurice André, mais il faut avouer que Maurice André pouvait passer de la trompette sib
à la trompette en ut
ou à la trompette en mib
voire même la trompette en ré
sans aucune difficulté apparente… Je ne parle pas de sa dextérité avec la trompette piccolo (ou sib aigu)
qui reste, et cela n’engage que moi, inégalée à ce jour dans ce domaine précis.
Pour avoir pratiqué toutes ces sortes de trompettes par le passé, je peux vous garantir que le saut entre la trompette en ut et la trompette mib n’est pas évident à réaliser lors d’une audition par exemple… et si vous y ajouter la trompette piccolo, je vous laisse imaginer la difficulté pour interpréter les différentes pièces du répertoire en direct, devant un public de mélomanes avertis…
Sans entrer dans les détails, l’embouchure entre une "trompette traditionnelle" et une trompette piccolo change, la tonalité change et les pistons sont aussi différents (3 pour les trompettes traditionnelles, 4 pour la piccolo)… Il faut aussi avoir beaucoup de pratique pour jouer un concerto avec une trompette piccolo car le son est vite étriqué lorsqu’on respire mal… sans compter la pression d’air dans les poumons et le cerveau qui peut vous faire perdre connaissance si vous maîtrisez mal cet instrument…
Bref, comme le disait Maurice André, la trompette n’est pas un instrument facile, même s’il fait partie des plus vieux instruments du monde (son apparition remonte à environ 6000 ans avant Jésus-Christ selon la Bible).
Alors Merci à vous, Maurice André, pour tout ce que vous avez apporté au répertoire de la trompette classique durant votre trop bref passage sur cette terre.
Bien à vous !
Georges Musy