Né en 1934 à Payerne, Jacques Chessex avait 8 ans quand les faits qu'il décrit dans son livre "Un Juif pour l'exemple" se sont déroulés.
"Les faits ? Nous sommes en 1942, l’Europe est à feu et à sang, la Suisse quoique neutre et sanctuarisée, est travaillée de sombres influences. A Payerne, rurale, cossue, ville de charcutiers " confite dans la vanité et le saindoux ", le chômage aiguise les rancœurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d’un " gauleiter " local, la garagiste Fernand Ischi, sorti d’une opérette rhénane, et d’un pasteur sans paroisse, proche de la légation nazie à Berne, le pasteur Lugrin, s’organise un complot de revanchards au front bas, d’oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang, du sang juif de préférence, et une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux, homme pieux et père de famille, qui visite la foire au bétail de Payerne le 16 avril 1942.
A deux pas de l’abbatiale, dans l’ombre odorante d’une étable, Rue-à-Thomas, il tombe dans le piège. On l’assomme, on l’achève et on le découpe en morceaux, dans une scène d’anthologie décrite par Chessex. Bien sûr, les coupables, dont un semi-débile apprenti-tueur, seront vite retrouvés. Mais le crime, dans toute sa sombre gloire, son dégoûtant théâtre, aura délivré les uns et les autres, qui ne plaignent pas la mort du Juif pour l’exemple.
A la suite du Vampire de Ropraz, c’est un autre chef-d’œuvre, le mot n’est pas trop fort, d’exactitude et de description, d’atmosphère et de secret, que Jacques Chessex nous donne."
En tant que payernois ce livre me permet de mieux comprendre l'histoire de la Suisse, de la ville où je suis né en particulier, et de sa situation pendant cette période. Et je trouve que Jacques Chessex explique particulièrement bien les circonstances de ce drame, n’en déplaise à certains payernois qui ne partagent pas cet avis...
Certes, si je me réfère aux leçons d'histoire que j'ai étudiées en son temps au Collège de Payerne, je me souviens que la Suisse était assez tiraillée entre se rallier à l'Allemagne et rester neutre dans le conflit. Nous pouvons dire merci à des hommes comme le général Guisan et certains autres moins connus qui ont permis que la Suisse n'entre pas en guerre. Cette dramatique histoire, qui s'est déroulée dans une petite ville de 5000 habitants à l'époque, ne doit pas être oubliée...
Je vous recommande donc la lecture de cet excellent récit. Merci à vous M. Chessex pour votre courage, votre détermination et votre manière unique d'écrire et de décrire ces événements. Dommage que vous nous ayez quitté si subitement ce 9 octobre 2009 à l'aube de votre 76ème année !
Bien à vous !
Georges Musy