Je vous invite à partager un petit moment de détente (et d'humour !) avec cet article écrit par un pompier de Fribourg (Suisse)
suite à une intervention des pompiers en ville de Fribourg, au Café des Trois-Rois en 2001… Plus de dix ans plus tard, cet article reste un vrai délice à lire et à relire !
Donc voici, ci-dessous, la réaction (pleine d'humour) à un article écrit dans différents journaux par un dénommé Weibel qui
dénonçeait la lenteur (?) et le manque de sérieux (?) des pompiers de Fribourg... les soupçonnant même d'être ivres... ce qui est un comble !!!
Cher Monsieur Weibel, merci de faire votre travail d'honnête citoyen avec autant d'acharnement.
Votre sens du devoir et la finesse de votre plume vont rendre service à toute la population. Vous avez raison, il est temps de dénoncer au monde entier les guignols que sont les pompiers de
Fribourg. Etant moi-même de piquet ce soir-là, je vais vous expliquer ce qui s'est réellement passé : Je dormais tranquillement, ou plutôt je cuvais les quelques litres de vin que nous avions
éclusés avec les copains qui étaient de service avec moi cette semaine.
Soudain, l'alarme retentit : incendie au café des Trois-Rois. Chic, un bistrot ! Je saute dans
ma voiture, direction la caserne. J'essaie de rouler le plus droit possible afin de ne pas éveiller les soupçons des pandores (flics). Les copains étaient déjà là. Vous auriez vu leurs têtes et
senti leurs haleines ; une horreur !
Dès que nous eûmes chargés les tonneaux de bière dans le camion, le moins saoul d'entre nous
prit le volant direction les Trois-Rois. Arrivés à la Grand-Fontaine, petit arrêt au Mouton (bistrot) pour s'en jeter une derrière la cravate. Etape suivante, café des Boulangers ; une dernière
chope et nous voilà fin prêts, en route pour la Samaritaine (lieu de l'incendie).
Arrivés sur place, stupeur : nous avions oublié le maillet pour mettre les fûts en perce. C'est
pour ça que nous tournions en rond pendant plusieurs minutes, il nous fallait absolument un objet pour ouvrir ces satanées barriques. Quand enfin cette lourde tâche fut accomplie, le commandant
arriva, suivi de la grande échelle. A propos, celle-ci ne fonctionne pas, nous la prenons juste pour faire joli.
Des gens en slip couraient partout, je me demande d'où ils venaient, car ils étaient tout noirs,
mais ça, ce n'était pas notre problème. Notre mission était bien plus importante : il fallait absolument descendre à la cave pour sauver les bouteilles. En effet, le vin supporte très mal la
chaleur.
Pour forcer la porte, un seul moyen : la tronçonneuse. Mais comment fonctionne ce fichu engin ?
Mystère... Au bout de dix minutes, le plus malin d'entre nous réussit à l'enclencher et enfin nous pouvions descendre dans les sous-sols.
Entre-temps, un honnête citoyen (M. Weibel), respectueux des lois a téléphoné à M. Javet de la
police pour que celui-ci vienne nous pomper le sang. Mais nous pas fous, nous nous sommes tous cachés au carnotzet pour taper le carton. D'autres copains nous ont rejoints, ils ont raconté de ces
histoires : il paraît qu'ils auraient risqué leur vie pour éteindre l'incendie. Mais bon, ça, c'est sûrement des blagues !
Après, je ne me rappelle plus. J'ai dû m'endormir dans un camion car je me suis réveillé devant
le Buffet de la Gare. Les potes tiraient une dernière bibine avant de retourner en caserne. Je suis rentré vers six heures du matin. Ma femme et mes deux enfants dormaient à poings fermés car ils
savent très bien que lorsque papa part faire le guignol, il ne peut rien lui arriver de grave.
Voilà Monsieur Weibel. Maintenant que vous connaissez toute la vérité, vous pouvez dormir sur
vos deux oreilles. Les copains et moi veillons sur votre sommeil. Encore un grand merci pour votre civisme. Vous avez fait preuve de beaucoup de courage en faisant part de vos impressions à "La
Liberté", au "Matin", aux "Freiburger-Nachtrichten", à "L'Objectif" et à "Radio Fribourg". Dommage que vous ayez oublié le "Blick", le "Times", "Le Monde" et tous les
autres.
A bon entendeur, santé !
Eric Mottas, pompier,
Fribourg